Reuss was the first to consider the Transfiguration as the original final of Mark

Discussion about the New Testament, apocrypha, gnostics, church fathers, Christian origins, historical Jesus or otherwise, etc.
Post Reply
User avatar
Giuseppe
Posts: 13851
Joined: Mon Apr 27, 2015 5:37 am
Location: Italy

Reuss was the first to consider the Transfiguration as the original final of Mark

Post by Giuseppe »

REINACH, Cultes, mythes..., t. III, p. 19-20:

Nous ne saurons jamais toute la vérité à ce sujet; mais, l'essentiel, c'est qu'il n'y eut pas de rapport officiel alors qu'il devait y eu avoir un; la conclusion qui s'impose n'est assurément pas favorable au caractère historique de la Passion.
Cette conclusion, qui n'est pas nouvelle (elle fut déjà mise en avant, mais avec des arguments médiocres, au XVIII° siècle), peut s'appuyer encore sur plusieurs considérations d'inégale valeur, qui doivent être toutes sérieusement examinées: [1]

1° Le silence des écrivains contemporains ou postérieurs de peu d'années, Philon, Josèphe, Juste de Tibériade. Le passage de Tacite, même s'il n'a pas été retouché, ne prouve rien, vu sa date tardive; à cette époque, la légende chrétienne était déjà presque entièrement constituée;
2° Les traits évidemment mythiques du récit de la Passion dont il a été question dans le premier volume de cet ouvrage (t. 1, p. 332-341);
3° La grande ancienneté de l'opinion des Docètes (voir plus haut, t. II, p. VI);
4° Une assertion fortement motivée de Reuss, dont on connaît la science et la prudence: le récit de la Passion manquait à la forme primitive de l'Évangile de Marc; [3]

5° L'histoire de la Transfiguration, qui se lit dans les trois synoptiques. [4] Je me demande depuis longtemps s'il n'y a pas là une première conclusion de l'histoire du Messie: le Messie en gloire monte au ciel en compagnie d'Elie et de Moïse. Quand le récit évangélique comporta celui de la Passion (sous l'influence des prophéties, des psaumes et d'un facteur très important qui nous échappe), la fin glorieuse ne fut pas éliminée, mais resta à titre d'épisode. Je sollicite, sur cette hypothèse, l'avis de mes doctes maîtres, les théologiens;
6° L'argument que j'ai fait valoir en 1904, tiré de la prédiction de la crucifixion au verset 17 du Psaume XXII. [1] Cet argument n'a pas été réfuté par M. Jean Révilie, qui s'y est pourtant loyalement essayé; voici la réponse que je lui ai faite:

Notes 1-4:

1. Ou eu trouvera d'autres, quelques-unes fort graves, dans l'important ouvrage d'un mathématicien américain: W. Benj. Smith, Der vorchristliche Jésus, Giessen, 1906. En revanche, il faut se méfier du livre de John M. Robertson, Pagan Christs (Londres, 1903), où la part faite à la fantaisie est vraiment trop forte.
2. Je ne crois pas à l'authenticite meme partielle du texte de Joséphe sur Jésus; il y a là seulement une double couche d'interpolations, inégalement adroites.
3. Reuss, Les Evangiles synoptiques, p. 82: «Il n'y a pas à hésiter, nous sommes amené à reconnaître un fait singulier, nouveau, inouï, un fait que personne n'a entrevu encore: c'est que l'Evangile de Marc, tel que Luc le possédait, ne contenait pas la Passion».
4. Matth., XVII, 1; Marc, IX, 2; Luc, IX.

(my bold)
User avatar
Giuseppe
Posts: 13851
Joined: Mon Apr 27, 2015 5:37 am
Location: Italy

Re: Reuss was the first to consider the Transfiguration as the original final of Mark

Post by Giuseppe »

I read (p. 82, source):

Sans doute, malgré toutes ces omissions, l'histoire de la Passion, telle que la raconte Luc, n'est pas incomplète pour le fond essentiel. Mais la question n'est pas là. Il s'agit de savoir quel motif aurait pu déterminer cet auteur à omettre des détails qui présentaient un si puissant intérêt, et qui, d'ailleurs, ne se trouvaient nulle part en contradiction avec ce qu'il raconte lui-même d'après d'autres sources? A cette question nous ne voyons qu'une seule réponse possible: Luc ne connaissait pas ces détails. Mais nous avons vu qu'à l'égard de la partie précédente du livre de Marc il en a agi tout autrement, qu'il a conservé non-seulement l'ordre des faits tel qu'il le trouvait dans cet ouvrage , mais souvent jusqu'aux termes mêmes de son devancier , dont il se montre décidément dépendant de toute façon ; comment se fait-il que tout cela soit tout à coup changé ici ? Il n'y a pas à hésiter: nous sommes amené à reconnaître un fait singulier, nouveau, inouï, un fait que personne n'a entrevu encore, c'est que l'évangile de Marc, tel que Luc le possédait, ne contenait pas l'histoire de la Passion. C'est là, certes, une assertion passablement paradoxale, et plus d'un lecteur, en lisant ces lignes, refusera de nous suivre jusqu'à cette téméraire extrémité, et aimera mieux renoncer à l'explication de tout le problème qui nous occupe. Un évangile sans la Passion, cela est-il possible?

(my bold)
User avatar
Giuseppe
Posts: 13851
Joined: Mon Apr 27, 2015 5:37 am
Location: Italy

Re: Reuss was the first to consider the Transfiguration as the original final of Mark

Post by Giuseppe »

The book is available also here.
User avatar
Giuseppe
Posts: 13851
Joined: Mon Apr 27, 2015 5:37 am
Location: Italy

Re: Reuss was the first to consider the Transfiguration as the original final of Mark

Post by Giuseppe »

Reuss was an authentic genius!

Read this important quote from his book:

Examinons maintenant la première page du livre de Marc. Elle raconte en quelques mots l'histoire de Jean-Baptiste, le baptême et la tentation de Jésus, et après un court sommaire de sa prédication, la vocation des premiers disciples. En comparant ces quelques versets avec les passages parallèles de Matthieu et de Luc, on est frappé de l'extrême brièveté , nous dirons même de la maigreur de leur contenu, que nous ne comprendrions guère si nous n'avions à notre disposition des récits plus complets. Voyez par ex. la tentation au désert ; supposez que les deux autres évangiles n'existent plus ; quelle idée vous feriez-vous du fait raconté ici en deux lignes absolument énigmatiques ? Jamais lecteur n'a pu les comprendre sans connaître au moins l'un des autres textes, ce qui revient à dire qu'elles n'ont pu être écrites que par quelqu'un qui, lui aussi, en connaissait au moins un, et qui non-seulement l'avait sous les yeux, mais le savait connu de son public. Sa rédaction est assez .libre du reste, sauf la phrase principale qui est littéralement copiée dans Luc. La note additionnelle qui introduit les bêtes du désert est destinée à rendre plus concrète l'idée de la solitude, et ressemble un peu à ces peintures de convention telles que l'art et l'imagination les adoptèrent ultérieurement pour illustrer l'histoire évangélique, et auxquelles nous devons aussi l'âne et le bœuf de Bethléhem. Dans l'histoire du baptême, où ce caractère d'abréviation sommaire est moins sensible, on peut constater un autre fait non moins important. Le dernier verset, en rapportant les paroles prononcées par la voix céleste, s'en tient à la rédaction de Luc 1 , qui la fait parler à l seconde personne. Par contre, la notice que Jésus vit lui-même le Saint-Esprit descendre comme une colombe, est empruntée à Matthieu, qui a aussi fourni la phrase : Aussitôt qu'il remonta de l'eau. Ce morceau prouve donc que le rédacteur a eu sous les yeux les deux autres textes. Mais il y a dans ce même morceau un autre mot encore que nous relèverons en passant. C'est le nom de Nazareth. En disant : Jésus vint de Nazareth, etc., cette addition fait voir que l'auteur connaissait parfaitement les faits antérieurs tels que nous les lisons dans Matthieu (II ? 23) et dans Luc (II, 39). Mêmes observations pour l'histoire de Jean-Baptiste. La citation tirée d'Ésaïe ne comprend que la partie du texte transcrite aussi dans Matthieu, mais la formule par laquelle elle est introduite, est celle de Luc l . C'est à ce dernier que le compilateur emprunte le résumé de la prédication du prophète (Marc, v. 4. Luc, v. 3). Par contre, le portrait de celui-ci et le tableau de son entourage (v. 5, 6) se retrouvent textuellement dans Matthieu seul (v. 4-6). Dans les v. 14-20, il n'y a plus de trace du texte de Luc ; cette partie se rattache de très-près à Matthieu. Nous ferons seulement remarquer qu'il est question de l'incarcération de Jean-Baptiste comme d'un fait connu, ce qui, pour nous, est une nouvelle preuve du genre de composition que nous avons devant nous. Dans le récit de la vocation des premiers disciples, il n'y a point de trace d'abréviation. Les deux textes sont presque identiques et nous avouons volontiers que ce morceau, placé sur la limite des deux parties du second évangile, que nous avons dû distinguer l'une de l'autre, pourrait tout aussi bien être considéré comme l'original. Il est même telle petite circonstance qui s'y trouve mentionnée, et que la rédaction de Matthieu omet, comme nous l'avons vu si souvent dans d'autres sections. Par contre, on pourrait alléguer que le premier évangile introduit les quatre disciples comme des personnages réellement inconnus aux lecteurs, tandis que dans le second ils apparaissent sur la scène comme déjà suffisamment connus. Quelle que soit l'opinion qu'on adopte à l'égard de cette dernière péricope, on ne saurait refuser de reconnaître que les quinze premiers versets du livre ne sont qu'un résumé on ne peut plus succinct des relations parallèles des deux autres, et qu'ils offrent, à cet égard, un caractère absolument différent de la rédaction du corps de l'ouvrage, que nous avons trouvée partout animée, détaillée, pittoresque même, et portant tous les caractères de l'originalité. Mais ce fait n'est pas seulement de la dernière évidence, il est aussi facile à expliquer. Reportons-nous à l'époque où nos évangiles ont commencé à se répandre dans les églises, à servir même à la lecture publique (et nous savons que ce fut le cas dès la première moitié du second siècle) ; nous comprendrons que le plus ancien de ceux qu'on possédait, celui de Marc, a dû recevoir, lui aussi, les honneurs de ce qu'on appela plus tard la canonicité. Mais cet évangile, comparé aux autres, paraissait incomplet ; il n'avait pas proprement d'introduction ; c'était un recueil de scènes et de souvenirs détachés de la vie du Sauveur. On chercha donc, par le moyen que nous connaissons maintenant, à lui donner une forme qui le rendît moins différent des autres. Nous citerons plus bas, en faveur de cette hypothèse, le témoignage irrécusable d'un contemporain. Mais voici une autre coïncidence assez remarquable qui pourrait bien avoir la même portée. D'après les résultats de notre critique, l'évangile de Marc aurait commencé par le récit de la guérison du démoniaque de Capharnaoum (I, 21), et voilà que les anciens 1 nous assurent formellement que Marcion faisait commencer son évangile précisément par ce même récit, en y joignant seulement les données chronologiques tirées de Luc III, 1. On trouve ordinairement dans ce fait la preuve que Marcion aurait tronqué l'évangile de Luc, et nous ne voulons pas contester la justesse du jugement des Pères sur l'ouvrage de Marcion considéré dans son ensemble; mais ne serait-il donc pas possible que le texte de Marc, tel qu'il existait alors, fût pour quelque chose dans l'opération du philosophe de Sinope ?

(p. 76-86)

Isn't it a singular coincidence, that the idea of a proto-Mark without the Baptism and without the Passion, is in the same time able to explain :
  • why Papias considered Mark "without order"
  • why Marcion has the incipit quasi identical to Mark 1:21:
    They went to Capernaum, and when the Sabbath came, Jesus went into the synagogue and began to teach.

Even so, Klinghardt and MacDonald have a good argument when they point out the curious anomaly that the 12 disciples "went to Capernaum" in Mark 1:21, without apparently playing no role at all: what mattered was merely their presence, contra Marcion.
User avatar
Giuseppe
Posts: 13851
Joined: Mon Apr 27, 2015 5:37 am
Location: Italy

Re: Reuss was the first to consider the Transfiguration as the original final of Mark

Post by Giuseppe »

The Reuss's analysis raises a curious question:

Is a Mark without baptism, even a Mark without baptism, a first timide answer to Marcion's Evangelion?

Two arguments support the thesis that even without the baptism, the suspicion is strong that Mark was written after the Evangelion:
  • the Messianic Secret in Mark, and the relative embarrassment for a Jesus Christ Superstar in Mcn;
  • the anomaly of the family being cruelly rejected by Jesus in Mark, whereas in Marcion the family didn't exist at all but the reference to it was only part of an expedient to tempt Jesus by his enemies.
schillingklaus
Posts: 645
Joined: Sat Dec 11, 2021 11:17 pm

Re: Reuss was the first to consider the Transfiguration as the original final of Mark

Post by schillingklaus »

A Mk without a baptism is not a Mk. Once more, we see the infinite falsity of Markan prioritism, notwithstanding the hilarious objections of Kreuzerin and their ilk.
Post Reply