Turmel on the Testimonium Flavianum

Discussion about the New Testament, apocrypha, gnostics, church fathers, Christian origins, historical Jesus or otherwise, etc.
Giuseppe
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Re: Turmel on the Testimonium Flavianum

Post by Giuseppe »

Page 22, first 18 lines:
arbre. Pour nous, ce qui retient notre attention ce sont les questions suivantes: Premièrement en maudissant un arbre qui avait trompé son attente, qui ne possédait pas les fruits soit précoces soit tardifs que son feuillage annonçait, Jésus ne s'est-il pas comporté comme les impulsifs qui ne savent pas commander à leurs réfleces ? Deuxièmement le dessèchement dont l'arbre est frappé le lendemain n'est-il pas l'effet d'une de ces supercheries dont le thaumaturges ont si souvent donné le spectacle ? L'arbre n-a-t-il pas été frappé à la racine en cachette par un affidé, pour en imposer à la crédulité des assistants ? Et, comme il nous est impossible d'écarter les problèmes, nous ne pouvons non plus échapper aux solutions qui s'imposent: la malédiction du figuier a été un acte déraisonnable; le dessèchement appartient à la catégorie des scènes concertées, il a sa place à côté du paralytique et de l'homme à la main desséchée.

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neilgodfrey
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Re: Turmel on the Testimonium Flavianum

Post by neilgodfrey »

Giuseppe -- this next section mostly okay up till page 39 but stops short of page 40. Can you type out the first half of page 40, please. Thanks!

Arrêtons ici cet examen dont ont été provisoirement éliminés les miracles créés de toutes pièces par la fiction et qui seront étudiés plus tard. Notre enquête, on le voit, a amplement confirmé la conclusion qui ressortait de la mésaventure de Nazareth. Tous les prodiges qui reposent sur un noyau historique et dans lesquels la foi n’a pu intervenir, sont ou des échecs systématiquement déformés, ou des faits naturels exactement décrits mais interprétés de travers, ou des scènes concertées c’est-à-dire des expédients charlatanesques. Les seules guérisons miraculeuses accomplies par Jésus sont celles qui ont dû leur origine à la foi fes patients. Et, selon le mot de Marc, là où Jésus ne rencontra pas la foi, il ne put faire aucun miracle. Avant d'aller plus loin je dois signaler une interpolation que jusqu’ici je n’ai pas me mentionnée. Après avoir déclaré que Jésus ne « put faire à Nazareth aucun miracle, le texte de Marc tel que nous l’avons aujourd’hui ajoute : si ce n’est qu’il guérit quelques malades en leur imposant les mains. Mais il saute aux yeux que les guérisons accomplies par l’imposition des mains éteint miraculeuses et que cette fin de phrase, ou Jesus fit quelques miracles, contredit le debut our nous lisons qu’il n’en put faire aucun. Comme il est impossible à un auteur de se contredire grossièrement dans la même phrase, on voit clairement que cette finale est une surcharge insérée longtemps plus tard par un pieux lecteur que le texte primitif de Mare scandalisait. Uniquement préoccupé de dissimuler le scandale dont il était offensé, il n’a pas pris garde à la contradiction qu’il introduisait. N’aurait-il pas d'ailleurs entendu parler de guérison n’ayant rien de miraculeux ? Dans cette hypothèse son interpolation serait du pur verbiage et aucun accroc ne serait fait au texte primitif de Marc qui dit que Jésus ne put faire aucun miracle.
Let us stop this examination here, from which have been provisionally eliminated the miracles created out of thin air by fiction, which will be studied later. Our investigation has amply confirmed the conclusion that emerged from the Nazareth misadventure. All the prodigies which rest on a historical core and in which faith could not intervene, are either systematically distorted failures, or natural facts accurately described but misinterpreted, or concerted scenes, i.e. charlatan expedients. The only miraculous healings performed by Jesus are those that originated in the faith of the patients. And, in Mark's words, where Jesus did not meet with faith, he could do no miracles. Before going any further, I must point out an interpolation that I have not mentioned so far. After stating that Jesus "could not perform any miracles in Nazareth, the text of Mark as we have it today adds: except that he healed some sick people by laying his hands on them. But it is obvious that the healings performed by the laying on of hands were miraculous and that this end of the sentence, where Jesus performed some miracles, contradicts the beginning where we read that he could not perform any. As it is impossible for an author to contradict himself grossly in the same sentence, it is clear that this ending is an overload inserted a long time later by a pious reader who was scandalized by the primitive text of Mare. Only preoccupied to dissimulate the scandal of which he was offended, he did not take care of the contradiction which he introduced. Would he not have heard of cures that had nothing miraculous about them? In this hypothesis his interpolation would be pure verbiage, and no hitch would be made in the original text of Mark which says that Jesus could not perform any miracle.
IV. — LA CARRIERE DE JESUS

Depuis Luc on admet universellement que les parents de Jésus habitaient Nazareth et que Jésus lui-meme y a passé son enfance. La ville de Nazareth est totalement inconnue à l’Ancien Testament et à Josèphe. Dans l’endroit 6, 1 où il mentionne la « patrie » de Jésus, Marc n’indique pas le nom de cette patrie. Chez Luc (18, 37 et Actes 2, 22, etc.) Jésus porte le nom de Nazôraios, terme dont l’étymologie obscure ne se rattache certainement pas à Nazareth. La même observation s’applique à l’épithète Nazarenos accolée à Jésus dans Marc 1, 24 et (d’après certains manuscrits) 10, 47. Utilisons sans la discuter la tradition inaugurée par Luc et disons que Jésus est né à Nazareth ; mais ajoutons que, pour localiser cette cité inconnue, on a pris à tout hasard une ville de la Galilée et qu’on l’a affublée du nom dont on avait besoin.

Deux mots d’abord sur le titre dont les disciples et le public se servaient pour désigner Jésus et sur ceux que Jesus se donnait a lui-même. Dans Marc 11, 21 et 11, 15 Jesus est apple Rabbi, terme qui veut dire Maitre Patron. L'expression Didaakalos que Marc met
dans la bouche du pere de l'épileptique 9, 17 et plusieurs fois dans dans la bouche des disciples 4, 38, n’est que la traduction grecque de Rabbi. Concluons que Jesus etait salué sous le nom de Rabbi par ses disciples et par le public. Les autres dénominations qu'on rencontre dans les autres évangiles et même cher Marc 5, 7 sont sans valeur historique.
V. - THE CAREER OF JESUS

Since Luke it has been universally accepted that Jesus' parents lived in Nazareth and that Jesus himself spent his childhood there. The city of Nazareth is totally unknown to the Old Testament and to Josephus. In the place 6:1 where he mentions the "homeland" of Jesus, Mark does not indicate the name of this homeland. In Luke (18:37 and Acts 2:22, etc.) Jesus is called Nazoraios, a term whose obscure etymology is certainly not related to Nazareth. The same observation applies to the epithet Nazarenos attached to Jesus in Mark 1:24 and (according to some manuscripts) 10:47. Let us use without discussion the tradition inaugurated by Luke and say that Jesus was born in Nazareth; but let us add that, in order to locate this unknown city, a town in Galilee was taken at random and given the name it needed.

First of all, I would like to say a few words about the titles used by the disciples and the public to refer to Jesus, and about the titles Jesus gave himself. In Mark 11:21 and 11:15 Jesus is called Rabbi, which means Master Patron. The expression Didaakalos that Mark puts
in the mouth of the father of the epileptic 9, 17 and several times in the mouth of the disciples 4, 38, is only the Greek translation of Rabbi. Let us conclude that Jesus was greeted with the name Rabbi by his disciples and by the public. The other names in the other gospels and even in Mark 5:7 are of no historical value.
ésus, pour se consoler de sa mésaventure de Nazareth, dit (Marc 6, 4) : « Un prophète n’est méprisé que dans sa patrie, parmi ses parents et dans sa maison ». Selon ce texte historique Jésus se présentait lui-même comme un prophète. Quant à l’expression Fils de l'homme, elle a été inventée par Etienne qui, convaincu que Jésus résidait depuis sa mort au ciel, a cru voir la confirmation de sa croyance dans un oracle de Daniel 7, 13 où il est question d’un fils d’homme résidant sur les nuées des cieux. Jésus n’a jamais eu l’idée de s’appeler fils de l’homme. A plus forte raison ne s’est-il jamais appelé fils de Dieu ou fils par opposition au Père. Les textes où ces titres sont mis dans la bouche de Jésus sont dénués de toute valeur historique.

Jésus avait quatre frères et au moins deux soeurs (Marc 6, 3). Ses frères, dont nous avons les noms, «appelaient Jacques, Joseph, Jude et Simon. Quand il commença à exposer le programme d’action dont nous avons parlé, sa mère Marie crut qu’il avait perdu l'esprit et, accompagnée de ses autres enfants, elle essaya de l’arrêter 3, 21. Mais Jésus protégé par la foule qui l’écoutait avec enthousiasme échappa à l'entreprise de sa mère et de ses frères qu’il renia vigoureusement 3, 31. Le récit de Marc tel que nous l’avons aujourd’hui a été victime d’une interpolation destinée à l’obscurcir. Voici la scene (Jésus est entouré d'une foule considérable) :

« Les siens (toi par’autou que la Vulgate traduit par …[?]) ayant appris qu'il était là vinrent pour se saisir de lui (kratesai auton), car Ils disaient ; « Il a perdu l'esprit (hoti exeste que la Vulftate traduit par in furorem versus est) — (ici 22-30 dissertation sur Béelzébub qui cher Luc 11,15 et cher Matthieu 12,24, appartient à un cadre étranger, qui visiblement n'est pas à sa place, qui a été empruntée à Luc par un inconnu du second siècle et insérée entre 21 et 31 à seule lin d'obscurcir le texte primitif de Marc) —. Sa mère et ses frères vinrent et, se tenant dehors, ils envoyèrent l'appeler. La foule était assise autour de lui et on lui dit : « Voilà que votre mère et vos frères sont dehors et vous demandent ». Et ils répondit : Qui est ma mère et qui sont mes frères ? » Et regardant ceux qui étaient assis autour de lui, il dit : « Voici ma mère et mes frères »,
esus, in consolation for his misadventure in Nazareth, says (Mark 6:4): "A prophet is despised only in his own country, among his relatives and in his own house. According to this historical text, Jesus presented himself as a prophet. As for the expression Son of Man, it was invented by Stephen who, convinced that Jesus had been residing in heaven since his death, believed that his belief was confirmed by an oracle in Daniel 7:13, which speaks of a son of man residing in the clouds of heaven. Jesus never had the idea of calling himself the son of man. All the more reason why he never called himself son of God or son as opposed to the Father. The texts in which these titles are put into Jesus' mouth are devoid of any historical value.

Jesus had four brothers and at least two sisters (Mark 6:3). His brothers, whose names we have, "were James, Joseph, Jude and Simon. When he began to expound the program of action we have been talking about, his mother Mary thought he had lost his mind and, accompanied by her other children, tried to stop him 3:21. But Jesus, protected by the crowd that listened to him enthusiastically, escaped from the enterprise of his mother and his brothers, whom he vigorously denied 3:31. Mark's account as we have it today has been the victim of an interpolation intended to obscure it. Here is the scene (Jesus is surrounded by a large crowd):

"His own (you by'autou which the Vulgate translates as ...[? ), having heard that he was there, came to seize him (kratesai auton), for they said; "He has lost his mind (hoti exeste which the Vulgate translates as in furorem versus est) - (here 22-30 dissertation on Beelzebub which, dear Luke 11,15 and dear Matthew 12,24, belongs to a foreign setting, which obviously does not belong, which was borrowed from Luke by an unknown person of the second century and inserted between 21 and 31 for the sole purpose of obscuring the primitive text of Mark). His mother and brothers came and stood outside and sent for him. The crowd was sitting around him and they said to him: "Your mother and your brothers are outside and are asking for you". And they answered, "Who is my mother and who are my brothers?" And looking at those who were sitting around him, he said, "Here is my mother and my brothers."
Jésus fit d’abord sa propagande dans la Galilée, pays situé à une vingtaine de lieues au nord de Jérusalem. Les textes suivants nous font connaître l'accueil qu'il reçut (Marc 1. 21 ) :

« Jésus entra d'abord dans la synagogue de Capharnaum) et il enseigna. On était frappé de sa doctrine ; car il enseignait connue ayant autorité et non comme les scribes. Le soir, après le coucher du soleil on lui amena tous les malades et les démoniaques. Et toute la ville était rassemblée devant sa porte … 2,1. Quelques leurs après, Jésus revint à Capharnaum. On apprit qu’il était à la maison (de Pierre) et on accourut en si grand nombre que l’espace devant la porte ne put contenir tout le monde …. 2, 12. Jesus sortit de nouveau du cote de la mer. Toute la foule venait a lui et il l’enseignait… 3,7 Jésus se retira vers la mer avec ses disciples. Il fut suivi par une foule nombreuse venue de la Galilee, de la Judee, de Jerusalem, de l’Idumee et d’au-cela du Jourdain….3,10 Car, comme il faisait beaucoup de guerisons, tous ceux avaient des maladies se jetaient sur lui pour le toucher.
Jesus first made his propaganda in Galilee, a country located about twenty leagues north of Jerusalem. The following texts tell us how he was received (Mark 1:21):

"First Jesus entered the synagogue at Capernaum) and taught. They were amazed at his teaching, for he taught with authority and not like the scribes. At evening, after sunset, all the sick and demon-possessed were brought to him. And the whole city was gathered before his door... 2,1. Some time later, Jesus returned to Capernaum. They heard that he was at the house (of Peter), and so many people came running to him that the space in front of the door could not hold them all .... 2, 12. Jesus went out to the sea again. All the people came to him and he taught them... 3,7 Jesus withdrew to the sea with his disciples. He was followed by a large crowd from Galilee, Judea, Jerusalem, Idumea and beyond the Jordan River....3,10 For as he waged many wars, all those who had diseases came to him to touch him.
D’autres témoignages pourraient être apportés. Ceux-ci suffisent. Les foules, partout où elles le pouvaient, so rassemblaient autour de Jésus et suivaient ses pas. Sans doute le thaumaturge était pour quelque chose dans cette affluence. Mais la fascination était produite par le docteur qui disait (ici page 9) : « Le temps est accompli, le royaume de Dieu est proche ». Les populations qui exécraient le joug romain, rêvaient de la gloire du grand roi David, accueillaient avec enthousiasme l’annonce du royaume prochain.

Jésus séjourna d’abord à Capharnaum au nord-ouest du lac de Tibériade. Et, à Capharnaum, son domicile habituel était la maison de Pierre, son premier disciple. Pendant quelque temps, Capharnaum semble avoir été son quartier général, d’où il sortait pour aller dans les pays environnants faire de la propagande où il revenait après des excursions plus ou moins prolongées. Partout où il allait, il prêchait alors dans tfd synagogues (Marc 1, 39). Mais les témoignages suivants nous mettent en face d’une situation différente.

Marc 1, 45 Jesus ne pouvait plus entrer publiquement dans une ville. Il se tenait dehors, dans des lieux deserts et l’on venait a lui de toutes parts. 3,9? Il charges ses disciples de tenir toujours a sa disposition une petite barque afin de ne pas etre presse par la foule — 4, 1. Jesus …[?] de nouveau a enseigner au bord de la mer …[?] de Tibériade). Une grande foule s’étant assemblée aupres de lui, il monta et s’assit dans une barque sur la mer. Toute la foule etait a terre sur le rivage … 4, 35. Ce meme jour, sur le soir, Jesus leur dit (a ses disciples) : Passon a l’autre bord (du lac de Tibériade). Apres avoir renvoie la foule, ils l’emmenerent dans la barque ou il se trouvait …. Ils arriverent a l’autre bord de la mer (lac) dans le pays des Geraseniens — 5, 21 (le lendemain) Jesus dans la barque regagna l’autre rive ou une grande foule s’assembla près de lui.
Other testimonies could be brought. These are enough. The crowds, wherever they could, gathered around Jesus and followed his steps. No doubt the miracle worker had something to do with this. But the fascination was produced by the doctor who said (here page 9): "The time is fulfilled, the kingdom of God is near". The people, who loathed the Roman yoke and dreamed of the glory of the great King David, welcomed the announcement of the coming kingdom with enthusiasm.

Jesus first stayed in Capernaum, northwest of Lake Tiberias. And in Capernaum his usual home was the house of Peter, his first disciple. For some time Capharnaum seems to have been his headquarters, from where he would go out to the surrounding countries to propagandize and return after more or less prolonged excursions. Wherever he went, he preached in the synagogues (Mark 1:39). But the following testimonies put us in front of a different situation.

Mark 1:45 Jesus could no longer enter a city publicly. He stood outside in deserted places and people came to him from all over. 3,9? He instructs his disciples to always keep a small boat at his disposal so that he would not be pressed by the crowd - 4, 1. Jesus ...[?] again taught by the sea ...[?] of Tiberias). A large crowd gathered around him, so he went up and sat in a boat on the sea. All the crowd was on the shore ... 4, 35. On the same day, at evening, Jesus said to them (his disciples): Go to the other side (of the lake of Tiberias). After they had sent the crowd away, they took him into the boat where he was .... They came to the other side of the sea (lake) in the land of the Gerasenes - 5, 21 (the next day) Jesus in the boat returned to the other side where a large crowd gathered around him.
Ici Jésus est préoccupé d’éviter, autant que possible, le séjour des bourgades, de se tenir à l’écart dans des endroits d’un abord difficile et d’être toujours prêt à traverser en barque le lac, à passer d’une de ses rives à l’autre. Cette préoccupation est encore plus sensible dans d’autres textes qu’il serait trop long de rapporter mais qu’on peut lire chez Marc, et où l’on voit le maître multiplier les traversées du lac. L’explication de ce séjour dans les endroits déserts et de cette instabilité perpétuelle nous est fournie par un texte de Luc (13, 31) où nous lisons que des informateurs vinrent dire à Jésus : « Va-t-en, pars d’ici, car Hérode veut te tuer >. Jésus put d’abord agiter la Galilée en toute liberté. Puis il fut traqué par les émissaires d’Hérode Antipas, fils d’Hérode le Grand. Le seul moyen d’échapper à leur poursuite était de pénétrer à l’improviste dans un canton, d’y rester juste le temps nécessaire pour permettre aux foules enthousiastes de se rassembler, puis de partir rapidement sans attendre l’arrivée de la police d’Antipas. D’ordinaire la traversée du lac mettait fin au danger immédiat. Pourtant ce moyen de salut fut un jour insuffisant. Jésus se vit obligé de franchir la frontière de la Palestine et de chercher un refuge dans le pays de Tyr (Marc 7, 24). Refuge assuré, mais où toute propagande était impossible, puisque les gens du pays totalement étrangers aux regrets comme aux experances du monde juif ne revaient point d’une liberations nationale et que le mot meme de liberation n’avait pas de sens pour eux. Jesus, des qu’il crut la bourrasque passée, quitta cet abri momentané et rentra dans la Palestine en passant par le territoire de Cesaree de Philippe (Marc 8, 27). Here Jesus is preoccupied with avoiding, as much as possible, the towns, with staying away from places that are difficult to get to, and with being always ready to cross the lake in a boat, to go from one shore to the other. This preoccupation is even more evident in other texts which it would take too long to relate, but which can be read in Mark, and where we see the master crossing the lake many times. The explanation of this stay in deserted places and of this perpetual instability is given to us by a text in Luke (13, 31) where we read that informants came to Jesus and said: "Go away, get out of here, for Herod wants to kill you". At first, Jesus was able to move around Galilee freely. Then he was hunted down by the emissaries of Herod Antipas, son of Herod the Great. The only way to escape their pursuit was to enter a township unannounced, stay just long enough to allow the enthusiastic crowds to gather, and then leave quickly without waiting for Antipas' police to arrive. Usually the crossing of the lake put an end to the immediate danger. However, this means of salvation was once insufficient. Jesus was forced to cross the border into Palestine and seek refuge in the land of Tyre (Mark 7:24). A safe haven, but where all propaganda was impossible, since the people of the country, totally alien to the regrets and expertise of the Jewish world, had no idea of national liberation and the very word liberation had no meaning for them. As soon as Jesus thought the storm had passed, he left this temporary shelter and returned to Palestine through the territory of Caesarea Philippi (Mark 8:27).
C’est alors qu’il prit la grave résolution de quitter definitivement la Galilée où il avait en vain attendu l’intervention divine, et de forcer en quelque sorte Dieu a deployer sa puissance, en allant provoquer l’autorite romaine dans son repaire, c’est-a-dire a Jerusalem.

Sur ce voyage nous sommes renseignes par l’endroit suivant de Marc 10, 32:

« Ils étaient en chemin pour monter a Jerusalem et Jesus etait devant eux. Les disciples étaient troubles et le suivaient avec crainte. »

Jésus plein d'une confiance absolue en Dieu qui ne pouvait manquer de le secourir, marchait a l’ennemi comme à la victoire. Mais les disciples, dont la foi etait moins robuste, n’auguraient rien de bon d’un contact avec la garnison romaine. Dans les pages qui précèdent Marc mentionne 8, 32 une reflexion bourrue de Pierre, une riposte indignée de Jesus, une question inquiete de Pierre 10, 28 suivie d’une réponse tres rassurante du maitre. Mais les recits, dans l’état our nous les avons, sont tellement mutiles bouleversés encombres d’interpolations qu’il nous serait impossible de debrouiller ce chaos si nouis n’avions pour nous diriger le passage 10, 32 qu’on vient de lire. Eclaires par cette information précieuse, nous sommes en ensure de reconstituer les faits défigurer par les interpolations. C’est en reponse a l’annonce du voyage a Jerusalem que Pierre se mit a maugreer (eplilman, increpare, dans la Vulgate). Et c’est comme sulle a des murmures irrespectueux qu’il recut la reponse indignée : Retire-loi de moi, satan, car tu ne comprends rien aux choses de Dieu, tu n’as que des pensees humaines. C’est pour rassurer de nouveau l’iniquitétude de Pierre que Jesus lui dit: Il n’est personne qui ayant quitte a cause de moi et a cause de la bonne nouvelle sa maison, ses frères, ses soeurs, son père, sa mere, ses enfants, ses terres, ne reçoivent le centuple. Cette response qui ont ete supprimees, dissipa les inquietudes des disciples et englamma leur ambition. Deux d’entre eux, Jacques et Jean, voyant deja le royaume de David rétabli, demanderent immédiatement a occuper les premiers postes (voir ici p. 11. Leur prétention porta ombrage aux autres disciples dont l'indignation ne resta pas dissimulée. Jésus apaisa le conflit. Puis la petite troupe gonflée par l’espérance et accompagnée d’une escouade de femmes (Luc 23, 40 ; plusieurs de ces femmes suivaient déjà Jésus dans la Galilée, Luc, 8, 2) poursuivit allègrement sa marche vers la gloire, c’est-à-dire vers Jérusalem. Luc a sans doute en vue cet incident quand il dit 19, 11 qu’à rapproche de Jérusalem les disciples comptaient assister immédiatement à l’inauguration du royaume de Dieu.
It was then that he took the serious decision to leave Galilee for good, where he had waited in vain for divine intervention, and to force God to deploy his power, as it were, by going to provoke the Roman authorities in their lair, i.e. in Jerusalem.

About this journey we are informed by the following place in Mark 10:32:

"They were on their way up to Jerusalem and Jesus was ahead of them. The disciples were troubled and followed him with fear.

Jesus, full of absolute trust in God who could not fail to help him, walked towards the enemy as if in victory. But the disciples, whose faith was less strong, did not expect any good from contact with the Roman garrison. In the preceding pages Mark mentions 8:32 a gruff reflection of Peter, an indignant retort of Jesus, a worried question of Peter 10:28 followed by a very reassuring answer of the master. But the accounts, in the state we have them, are so mutilated, disrupted and cluttered with interpolations that it would be impossible for us to unravel this chaos if we did not have the passage 10:32 we have just read to guide us. Enlightened by this valuable information, we are able to reconstruct the facts disfigured by the interpolations. It is in response to the announcement of the journey to Jerusalem that Peter began to mumble (eplilman, increpare, in the Vulgate). And it is as a response to the disrespectful murmurings that he receives the indignant reply: "Get away from me, Satan, for you understand nothing of the things of God, you have only human thoughts. In order to reassure Peter's iniquity, Jesus said to him, "There is no one who has left his house, brothers, sisters, father, mother, children, and land for my sake and for the sake of the good news, who does not receive a hundredfold. This response, which was suppressed, dispelled the worries of the disciples and inflamed their ambition. Two of them, James and John, seeing that the kingdom of David had already been restored, immediately asked to take the first positions (see p. 11). Their claim caused the other disciples to feel indignation. Jesus calmed the conflict. Then the little group, swollen with hope and accompanied by a squad of women (Luke 23:40; several of these women had already followed Jesus into Galilee, Luke 8:2), continued their march towards glory, i.e. towards Jerusalem. Luke no doubt has this incident in mind when he says 19:11 that near Jerusalem the disciples intended to witness the inauguration of the kingdom of God immediately.
Jésus voulut avoir une entrée triomphale à Jérusalem. Et il l'eut. Il pénétra dans la ville sainte sur une monture que les disciples étaient allés chercher. Marc nous apprend 11,8 que beaucoup de gens étendirent leurs vêtements sur le chemin et que d’autres répandirent des branches. Il rapporte aussi les acclamations de la foule. En temps ordinaire cette petite manifestation eût été impossible ; en tout cas la garnison romaine l’aurait arrêtée immédiatement. Mais la fête de Pâques approchait ; les pèlerins affluaient. Tous connaissaient l’agitateur de la Galilee, tous lui etaient devoues. C'est grace a cette foule que le triomphe royal fut realise et qu'il put passer inapercu.

Apres l'entrée la première démarche du nouveau roi fut d'aller au temple pour inspecter les lieux et se rendre compte du coup a faire (Marc 11, 11). Muni des renseignements nécessaires il se retira dans le village de Béthanie pour y passer la nuit. De retour, le lendemain, il bouscula les vendeurs et les changeurs qui se tenaient dans la cour du temple. Le savant Hiérocles, qui vivait à la fin du troisième siècle, dit que Jésus avait racolé une bande de neuf cents partisans (Lactance, Divinæ institutiones 5, 3. Migne 6. 557 ; lire la note de 556 ; ces partisans étaient fournis par les pèlerins venus de la Galilée). Ce renseignement, qui est peut-être exagéré, doit contenir un noyau de vérité.

La royauté de Jésus inaugurée solennellement par l’entrée triomphale à Jérusalem et par l’expulsion des vendeurs du temple, fut célébrée dans l’intimité une première fois à Béthanie, une seconde fois à Jérusalem. Les récits qui nous sont parvenus sont, tous deux, affreusement défigurés par des interpolations postérieures. Quand on les a écartées, il reste ceci. A Béthanie, (Marc 14, 3), une femme répandit une huile du plus haut prix sur la tête de Jésus pendant qu’il était à table chez un ami. L’onction d’huile était le symbole de l’investiture royale chez les Juifs (qui ignoraient totalement les onctions d’huile faites sur les morts). La femme en question (manifestement une des personnes venues de Galilée avec Jésus) a donc conféré l'investiture de la royauté au convive qu’elle a oint d’huile précieuse. A Jérusalem, le soir même où toute la ville célébrait la pâque, Jésus qui la célébrait aussi annonça pour le lendemain l’inauguration du royaume et promit à ses disciples de leur donner les douze tribes d’Israël à gouverner (plus haut, page 9) Pourtant la prescrivit à son entourage de se procurer des épées (Luc 22, 36) pour parer une offensive éventuelle des Romains.

Hélas ! Le lendemain matin il était amené devant le tribunal du fonctionnaire romain Pilate. On connaît le reste (p. 10). Après avoir subi les outrages de la soldatesque romaine (Marc 15, 18) le « roi des Juifs » fut conduit au supplice et attaché à une croix sur la-quelle fut inscrit par dérision le titre qu'il revendiquait (Marc 15, 26) :

« Le roi des Juifs ».

L’intervention divine n'apparut pas. Et Jésus qui, meme sur la croix, l'attendait encore, finit par s'écrier (Marc 15, 34) :

« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonne ».

Après ce cri de désespoir il expira. Son cadavre, comme ceux de tous les suppliciés, fut jeté à la voirie dans le ravin d’Hinnom. Un grand rêve venait de s’évanouir... en attendant de renaître.
Jesus wanted to have a triumphal entry into Jerusalem. And he did. He entered the holy city on a horse that the disciples had fetched. Mark tells us 11,8 that many people spread their clothes on the road and others spread branches. He also reports the cheering of the crowd. In ordinary times this small demonstration would have been impossible; in any case the Roman garrison would have stopped it immediately. But Easter was approaching; pilgrims were pouring in. All knew the agitator of Galilee, all were devoted to him. It is thanks to this crowd that the royal triumph was realized and that it could pass unnoticed.

After the entrance the first step of the new king was to go to the temple to inspect the place and to see what he had to do (Mark 11, 11). Having received the necessary information, he withdrew to the village of Bethany to spend the night there. The next day, he returned to the village of Bethany to spend the night there and pushed the vendors and money changers in the temple courtyard. The scholar Hierocles, who lived at the end of the third century, says that Jesus had recruited a band of nine hundred followers (Lactantius, Divinæ institutiones 5, 3. Migne 6. 557; read the note to 556; these followers were supplied by pilgrims from Galilee). This information, which is perhaps exaggerated, must contain a kernel of truth.

The kingship of Jesus, solemnly inaugurated by the triumphal entry into Jerusalem and by the expulsion of the vendors from the temple, was celebrated in private once in Bethany and a second time in Jerusalem. The accounts that have come down to us are both horribly disfigured by later interpolations. When these have been removed, the following remains. In Bethany (Mark 14:3), a woman poured the most precious oil on Jesus' head while he was at table with a friend. The anointing with oil was the symbol of royal investiture among the Jews (who totally ignored the anointing with oil of the dead). The woman in question (obviously one of the people who came with Jesus from Galilee) therefore conferred the investiture of royalty on the guest whom she anointed with precious oil. In Jerusalem, on the same evening that the whole city was celebrating the Passover, Jesus, who was also celebrating it, announced the inauguration of the kingdom for the next day and promised his disciples to give them the twelve tribes of Israel to govern (see above, page 9). However, he instructed those around him to get swords (Luke 22:36) to ward off a possible Roman offensive.

Alas! The next morning he was brought before the tribunal of the Roman official Pilate. We know the rest (p. 10). After having been subjected to the outrages of the Roman soldiers (Mark 15:18), the "king of the Jews" was led to the torture and tied to a cross on which was inscribed the title he claimed (Mark 15:26):

"King of the Jews".

The divine intervention did not appear. And Jesus, who was still waiting for it even on the cross, finally cried out (Mark 15:34):

"My God, my God, why have you forsaken me".

After this cry of despair he expired. His body, like those of all the tortured, was thrown into the garbage in the ravine of Hinnom. A great dream had just faded away... waiting to be reborn.
V. — LE PORTRAIT MORAL DE JESUS

La caractéristique fondamentale de Jésus a été la foi à sa mission providentielle et au secours divin qui ne manquerait pas de l’appuver. Jésus comptait sur l’intervention de Dieu avec une confiance qui excluait le plus léger doute. Au père de l'épileptique qui lui dit (Marc 9, 22) : « Si tu peux quelque chose, viens & notre aide », il répond d’un ton indigné :

« Si tu peux ! » Tout est possible è celui qui croit (la Vulgate a complètement travesti ce texte en traduisant ; « Si tu peux croire » et en adressant ces mots au pere de l'enfant. Jésus ne dit pas au père de l’enfant que, s'il peut croire, sa foi sera exaucee ; il repete avec indignation les paroles que le père lui a addressees). »
V. - THE MORAL PORTRAIT OF JESUS

The fundamental characteristic of Jesus was faith in his providential mission and in the divine help that would not fail to support him. Jesus counted on God's intervention with a confidence that excluded the slightest doubt. To the father of the epileptic who said to him (Mark 9:22): "If you can do anything, come & help us", he answered indignantly:

"If you can!" Everything is possible for the one who believes (the Vulgate has completely distorted this text by translating "If you can believe" and addressing these words to the father of the child. Jesus does not tell the child's father that if he can believe, his faith will be answered; he repeats with indignation the words that the father addressed to him).
A Jerusalem, en presence du figuier maudit la veille et demanche, Jesus dit a ses disciples (Marc 11, 22) :

« Avez foi en Dieu. Je vous le declare en verite, si quelqu'un dit a cette montagne : Ote-toi de la et jette-toi dans la mere, et a'il ne doute point en son coeur mais croits que ce qu'il du arrivera, il le verra s'accomplir. »


Le soir meme de la paque, quelques heures avant son arrestation, il promettait a ses disciples l'inauguration imminente du royaume (p. 9). Et, devant le tribunal de Pilate, il se proclamait encore le roi des Juifs (p. 10). Sauf au moment meme de la mort p. 29) il conserva une foi absolue a sa mission ; il se crut charge par Dieu de rendre a son pays l’indépendance, de restaurer le royaume de David, et il attendit l'intervention divine qui allait realiser cette mission.

Il va sans dire que cette foi ardente se concilie parfaitement avec les expédients, les scènes concertées signalees plus haut (p. l5). Tous les thaumaturges ont été obliges, pour soutenir leur rôle, de recourir à la supercherie. Ils l’ont employée, non pour simuler une foi qui leur aurait fait défaut, mais simplement pour or communiquer aux assistants la foi dont ils étaient eux-mêmes animés.

Il fallait nous arrêter sur la foi de Jésus. On peut mentionner plus brièvement ses autres particularites.

A ses bons moments Jésus était jovial ; il ne manquait pas d'humour, et les expressions colorées tombaient spontanément de ses lèvres. Rencontrant sur le bond du lac de Tibériade quelques jeunes villageois occupés à la pèche, il leur dit (Marc I, 17) : « Suivez-moi, je vous ferai pécheurs d’hommes ». Averti qu'Herode Antipas le poursuivait, il fit a ses informateurs une reponse qui a malheureusement ete en partie alteree et dont il ne nous reste qu'un lambeau authentiqu (Luc 13, 32) : « Dites a ce renard : Voice je chasse les demons et je fais des guerisons ». Un jour que des habitants d'un village samaritain l'avaient mal recu, il fut invite par Jacques et Jean a faire descendre le feu du ciel sur les coupables. En response a leur petulance il leur donna le sobriquet de fils du tonnerre (Luc 9, 54 combine avec Marc 3, 17).
In Jerusalem, in the presence of the cursed fig tree the day before and the day after, Jesus said to his disciples (Mark 11, 22):

"Have faith in God. I tell you the truth, if anyone says to this mountain, 'Get up from there and throw yourself into the sea,' and does not doubt in his heart, but believes that what he says will happen, he will see it come true.


On the very evening of the Passover, a few hours before his arrest, he promised his disciples the imminent inauguration of the kingdom (p. 9). And, before Pilate's tribunal, he still proclaimed himself king of the Jews (p. 10). Except for the moment of his death (p. 29), he kept absolute faith in his mission; he believed that God had entrusted him with the task of restoring his country's independence, of restoring the kingdom of David, and he waited for the divine intervention that would realize this mission.

It goes without saying that this ardent faith is perfectly compatible with the expedients, the concerted scenes mentioned above (p. l5). All the thaumaturges were obliged, in order to support their role, to resort to deception. They employed it, not to simulate a faith which would have failed them, but simply to communicate to those present the faith with which they themselves were animated.

We had to stop at the faith of Jesus. We can mention more briefly his other characteristics.

In his good moments Jesus was jovial; he did not lack humor, and colorful expressions fell spontaneously from his lips. Meeting some young villagers fishing on the shore of Lake Tiberias, he said to them (Mark I, 17): "Follow me, and I will make you sinners of men. Warned that Herod Antipas was pursuing him, he gave his informants an answer which unfortunately has been partly altered and of which only an authentic fragment remains (Luke 13:32): "Tell this fox: 'Voice, I cast out demons and make war'. One day, when the inhabitants of a Samaritan village had received him badly, he was invited by James and John to bring down fire from heaven on the guilty. In response to their petulance he gave them the nickname of sons of thunder (Luke 9:54 combined with Mark 3:17).

Une autre fois, apprenant que les représentants des pretres lui demandaient de payer pour lui et pour Pierre l’impôt du temple qui était d’un statère (Matt. 17. 27 ; le statère représentait environ 2 fr. 80 d’avant la guerre), il dit à Pierre d’aller pêcher un poisson et de lui ouvrir la bouche où il trouverait le statère demandé : manière piquante d’expliquer que la vente du ou des poissons pêchés par Pierre procurerait le statère requis. Un jour qu’il était descendu chez deux saurs (Luc 10, 38), voyant que l’une d’elles, Marthe, était jalouse des attentions dont l’autre soeur, Marie, était l’objet, il dit pour la calmer : « Un seul plat est nécessaire » (interprétation de saint Basile, Regulæ fnsius tractatæ 20, 3). Quant à Marie, elle prit, en compagnie du maître, le chemin de Jérusalem (.Luc 24, 10). Pendant son séjour à Jérusalem les prêtres, qui connaissaient ses visées nationalistes et qui étaient gagnés aux Romains, lui firent demander si l’on pou- vait payer le tribut à César. Jésus évita habilement ,e Piège qui, lui était tendu. S’étant fait présenter une pièce de monnaie sur laquelle l'effigie et le nom de César étaient gravés, il dit : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » (ces derniers mots sous-entendent que la Palestine est à Dieu et que les Romains qui l’occupent doivent disparaître). Mentionnons aussi l’ordre donné aux disciples de se procurer des épée pour repousser une attaque éventuelle (p. 33), le conseil d'eviter les proces (Luc 12,58), et celui de prendre la derniere place quand on dine en ville pour ne pas s'exposer a un affront (Luc 14, 7) : propos tres senses mais d'une sagesse un peu vulgaire.

D'autre part, on a rapporté plus haut (p. 21) la malédiction portée contre le figuier, et aussi (p. 30) la rebuffade violente que Pierre eut un jour à essuyer. A ces paroles irritées il faut joindre celles qui furent prononcées contre les disciples lors de I arrivés l’épileptique (Marc 9,19) : « Race incrédule et perverse, jusqu’à quand serai-je avec vous et vous supporterai-je ? » Jésus ne savait pas maîtriser ses réflexes, et la moindre contrariété lui faisait perdre le calme. Cette constatation est l’écueil contre lequel se brisent certaines maximes qu’on lit chez Luc ou chez Matthieu notamment l’oracle Matt. 11,29) : « Mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de coeur ». Cet appel aux âmes n’a pu tomber des lèvres qui ont maudit le figuier et jeté l’anathème à Pierre.
On another occasion, when he learned that the representatives of the priests were asking him to pay the temple tax for himself and Peter, which was one statere (Matt. 17:27; the statere represented about 2.80 francs before the war), he told Peter to go and catch a fish and to open his mouth where he would find the required statere: a piquant way of explaining that the sale of the fish or fishes caught by Peter would provide the required statere. One day, when he had gone down to the home of two sisters (Luke 10, 38), he saw that one of them, Martha, was jealous of the attentions paid to the other sister, Mary, and said to calm her down: "Only one dish is necessary" (interpretation of Saint Basil, Regulæ fnsius tractatæ 20, 3). As for Mary, she went with the Master to Jerusalem (Luke 24:10). During his stay in Jerusalem, the priests, who knew his nationalistic aims and who were won over to the Romans, asked him if he could pay tribute to Caesar. Jesus skillfully avoided the trap that was set for him. Having been presented with a coin on which the effigy and name of Caesar were engraved, he said: "Render to Caesar what is Caesar's and to God what is God's" (these last words imply that Palestine belongs to God and that the Romans who occupy it must disappear). Let us also mention the order given to the disciples to get swords to repel a possible attack (p. 33), the advice to avoid trials (Luke 12:58), and the advice to take the last seat when dining in town so as not to expose oneself to an affront (Luke 14:7): very sensible statements but of a somewhat vulgar wisdom.


On the other hand, we have already mentioned (p. 21) the curse on the fig tree, and also (p. 30) the violent rebuke that Peter had to endure one day. To these angry words must be added those spoken against the disciples when they arrived at the epileptic (Mark 9:19): "Unbelieving and perverse race, how long shall I be with you and support you? Jesus did not know how to control his reflexes, and the slightest annoyance made him lose his temper. This observation is the stumbling block against which certain maxims that we read in Luke or in Matthew break down, notably the oracle (Matt. 11,29): "Learn from me, for I am gentle and humble of heart". This appeal to souls could not have fallen from the lips that cursed the fig tree and anathematized Peter.
NOTE SUR LES EVANGILES.

Les évangiles reçus par l’église romaine et appelés pour cette raison évangiles canoniques sont au nombre de quatre. Ils portent respectivement les noms de Matthieu, Marc, Luc et Jean. Les trois premiers Matthieu, Marc, Luc) sont construits à peu près sur le même plan. Pour ce motif on les appelle synoptiques. Le quatrième (évangile de Jean) est construit sur un plan particulier : il ne fait pas partie du groupe des synoptiques.

A en croire l’église romaine les quatre évangiles sont strictement historiques. Tout ce qu’ils rapportent, soit dans l’ordre des faits, soit dans l’ordre des discours, a eté accompli exactement comme ils le rapportent. La critique indépendante rend un autre verdict dont voici les principaux éléments :
NOTE ON THE GOSPELS.

The gospels received by the Roman church and called for this reason canonical gospels are four in number. They are called Matthew, Mark, Luke and John. The first three (Matthew, Mark, Luke) are built more or less on the same plan. For this reason they are called synoptics. The fourth (Gospel of John) is built on a particular plan: it is not part of the group of synoptics.

According to the Roman church, the four gospels are strictly historical. Everything they report, either in the order of facts or in the order of speeches, was accomplished exactly as they report it. Independent critics give a different verdict, the main points of which are as follows:
top half of page 40 needs to be retyped

Giuseppe
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Re: Turmel on the Testimonium Flavianum

Post by Giuseppe »

Page 40:
I. - L'évangile de Jean est un tissu de fictions où tout est inventé sous déduction de quelques matériaux historiques qui eux-mêmes n'ont été utilisés qu'après une déformation préalable. Les preuves de cette assertion abondent: on ne peut ici apporter que quelques exemples: a) Jean attribue à Jésus des miracles sensatonnels (résurrection de Lazare 11,43; guérison de l'aveugle-né 9,7; chute simultanée de tous les valets des prêtres chargés d'arrêter Jésus 18,6) qui, s'ils avaient eu lieu, auraient nécessairement été mentionnés par les synoptiques et dont ceux-ci ne soufflent mot. - b) Jean met dans la bouche de Jésus des discours parfois sublimes (entretien avec la Samaritaine 4,23), d'autres fois remplis d'une métaphysique rebutante qui les rend à peu près inintelligibles, mais qui tous sont aux antipodes des discours rapportés par les synoptiques.

It is not all, by now. Next I publish the second half.
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Re: Turmel on the Testimonium Flavianum

Post by Giuseppe »

Continuation of the same page 40:

-c) Jean raconte que Jésus alla à Jérusalem dès le début de sa carrière publique (2,13) et il le ramène ensuite plusieurs fois dans cette ville. En quoi il est en opposition absolue avec les synoptiques lesquels, dans leur description de la carrière publique de Jésus, ne mentionnent qu'un seul voyage à Jérusalem et le placent dans les jours qui précédèrent immédiatement la mort sur la croix. - d) Jean place l'expulsion des vendeurs du temple au cours du premier voyage de Jésus à Jérusalem (2,14), et il n'en fait pas mention dans le récit, du dernier voyage. Ici encore il contredit les synoptiques qui, tous, placent ladite expulsion dans les jours immédiatement antérieurs à la mort.

II. - Les évangiles de Luc et de Matthieu contiennent de multiples rêcits complètement étrangers à la réalité. Comme pour l'évangile de Jean les preuves sont nombreuses, mais on doit se borner ici à quelque exemples:

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Re: Turmel on the Testimonium Flavianum

Post by neilgodfrey »

Giuseppe wrote: Sun Oct 24, 2021 3:38 am Continuation of the same page 40:

-c) Jean raconte que Jésus alla à Jérusalem dès le début de sa carrière publique (2,13) et il le ramène ensuite plusieurs fois dans cette ville. En quoi il est en opposition absolue avec les synoptiques lesquels, dans leur description de la carrière publique de Jésus, ne mentionnent qu'un seul voyage à Jérusalem et le placent dans les jours qui précédèrent immédiatement la mort sur la croix. - d) Jean place l'expulsion des vendeurs du temple au cours du premier voyage de Jésus à Jérusalem (2,14), et il n'en fait pas mention dans le récit, du dernier voyage. Ici encore il contredit les synoptiques qui, tous, placent ladite expulsion dans les jours immédiatement antérieurs à la mort.

II. - Les évangiles de Luc et de Matthieu contiennent de multiples rêcits complètement étrangers à la réalité. Comme pour l'évangile de Jean les preuves sont nombreuses, mais on doit se borner ici à quelque exemples:

Thanks, Giuseppe. Just one more and I'll post the conclusion of the book here. Can you type for me the first 10 or 12 lines of page 46?

Cheeers
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Re: Turmel on the Testimonium Flavianum

Post by Giuseppe »

Page 56:

transfiguration (9,2) ni la marche de Jésus sur les eaux (6,48) ni diverses autres scènes qu'on ne peut mentionner ici.

La seconde rêdaction a étê commencée aux environs de 140; mais elle ne s'est arrêté que vers 180. Son travail entièrement fictif a consisté à enrichir par des additions la rédaction primitive et aussi à la remanier. Les récits qu'elle a ajoutés sont consacrés à la gloire de Jésus (les quatorze premiers versets de notre évangile, les récits qui suivent la mort de Jésus, etc...) Les récits qu'elles a remaniés scandalisaient la piété chrétienne des environs de 140. Les retouches qui leur ont été infligées les rendent incohérents mais suppriment, ou, du moins, atténuent le scandale (voir surtout le récit du dernier repas et celui qui suit la scėne de Césarée de Philippe 14,22; 8,31).

Luc, compagnon de Paul, a écrit une première édition de son livre aux environs de l'an 60; il en a écrit une seconde après la ruine de Jérusalem de 70. A partir des environs de 130, son livre fut enrichi de la conception divine de Jésus 1,34-35. Il reçut d'autres additions aux environs de 150 et même plus tard.

L'évangile de Matthieu a été rédigé aux environs de 150. Il a reçu plus tard quelques additions peu nombreuses. De tous les évangiles il est le moins remanié. Matthieu à qui la tradition l'attribue était un disciple de Jésus. Il est, cela va sans dire, complètement éttanger à la rédaction de ce livre.

L'évangile de Jean a eu deux rédactions. La première est des environs de 135. La seconde, dans laquelle l'influence montaniste est visible, ne peut être antérieure aux environs de 170. Un remaniement à l'édition de 135 a pu être opéré vers 150. Dans ce cas la rédaction de 170 setait la troisième. Jean était un disciple de Jésus. La tradition qui lui attribue notre livre est fantaisiste.

In whiletime, I am going to know what Turmel thought about John the Baptist. His study is very meditated. But this would require a new thread more in future....
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Re: Turmel on the Testimonium Flavianum

Post by neilgodfrey »

Thanks to Giuseppe, here is the remainder of (for most part) a DeepL translation of Turmel's Life of Jesus. There are a few places where something incomprensible in my copy of the text was illegible to me and that creates some obscurities in the translation but I trust that these moments are very few and in each case of no real consequence to the main meaning:

NOTE SUR LES EVANGILES.

Les évangiles reçus par l’église romaine et appelés pour cette raison évangiles canoniques sont au nombre de quatre. Ils portent respectivement les noms de Matthieu, Marc, Luc et Jean. Les trois premiers Matthieu, Marc, Luc) sont construits à peu près sur le même plan. Pour ce motif on les appelle synoptiques. Le quatrième (évangile de Jean) est construit sur un plan particulier : il ne fait pas partie du groupe des synoptiques.

A en croire l’église romaine les quatre évangiles sont strictement historiques. Tout ce qu’ils rapportent, soit dans l’ordre des faits, soit dans l’ordre des discours, a eté accompli exactement comme ils le rapportent. La critique indépendante rend un autre verdict dont voici les principaux éléments :
NOTE ON THE GOSPELS.

The gospels received by the Roman church and called for this reason canonical gospels are four in number. They are called Matthew, Mark, Luke and John. The first three (Matthew, Mark, Luke) are built more or less on the same plan. For this reason they are called synoptics. The fourth (Gospel of John) is built on a particular plan: it is not part of the group of synoptics.

According to the Roman church, the four gospels are strictly historical. Everything they report, either in the order of facts or in the order of speeches, was accomplished exactly as they report it. Independent critics give a different verdict, the main points of which are as follows:
I. - L'évangile de Jean est un tissu de fictions où tout est inventé sous déduction de quelques matériaux historiques qui eux-mêmes n'ont été utilisés qu'après une déformation préalable. Les preuves de cette assertion abondent: on ne peut ici apporter que quelques exemples: a) Jean attribue à Jésus des miracles sensatonnels (résurrection de Lazare 11,43; guérison de l'aveugle-né 9,7; chute simultanée de tous les valets des prêtres chargés d'arrêter Jésus 18,6) qui, s'ils avaient eu lieu, auraient nécessairement été mentionnés par les synoptiques et dont ceux-ci ne soufflent mot. -

b) Jean met dans la bouche de Jésus des discours parfois sublimes (entretien avec la Samaritaine 4,23), d'autres fois remplis d'une métaphysique rebutante qui les rend à peu près inintelligibles, mais qui tous sont aux antipodes des discours rapportés par les synoptiques.

-c) Jean raconte que Jésus alla à Jérusalem dès le début de sa carrière publique (2,13) et il le ramène ensuite plusieurs fois dans cette ville. En quoi il est en opposition absolue avec les synoptiques lesquels, dans leur description de la carrière publique de Jésus, ne mentionnent qu'un seul voyage à Jérusalem et le placent dans les jours qui précédèrent immédiatement la mort sur la croix. - d) Jean place l'expulsion des vendeurs du temple au cours du premier voyage de Jésus à Jérusalem (2,14), et il n'en fait pas mention dans le récit, du dernier voyage. Ici encore il contredit les synoptiques qui, tous, placent ladite expulsion dans les jours immédiatement antérieurs à la mort.

II. - Les évangiles de Luc et de Matthieu contiennent de multiples rêcits complètement étrangers à la réalité. Comme pour l'évangile de Jean les preuves sont nombreuses, mais on doit se borner ici à quelque exemples:
I. - The gospel of John is a fabric of fictions in which everything is invented under deduction of some historical materials which themselves have been used only after a previous deformation. The proofs of this assertion abound: here we can only give a few examples: a) John attributes to Jesus sensational miracles (the raising of Lazarus 11:43; the healing of the blind man 9:7; the simultaneous fall of all the priests' servants charged with arresting Jesus 18:6) which, if they had taken place, would necessarily have been mentioned by the synoptics and of which the latter say nothing. -

b) John puts into the mouth of Jesus speeches which are sometimes sublime (conversation with the Samaritan woman 4,23), at other times filled with an off-putting metaphysics which makes them almost unintelligible, but which are all at the antipodes of the speeches reported by the synoptics.

-c) John tells us that Jesus went to Jerusalem at the beginning of his public career (2:13) and then brings him back to that city several times. In this he is in absolute opposition to the synoptics who, in their description of Jesus' public career, mention only one trip to Jerusalem and place it in the days immediately preceding his death on the cross. - d) John places the expulsion of the sellers from the temple during Jesus' first journey to Jerusalem (2:14), and he makes no mention of it in the account of the last journey. Here again he contradicts the synoptics, who all place the expulsion in the days immediately before death.

II. - The gospels of Luke and Matthew contain multiple accounts that are completely foreign to reality. As in the case of the gospel of John, there are many proofs, but we must limit ourselves here to a few examples:
(l) Luc raconte 5,6, que les premiers disciples furent gagnés à Jésus par une pêche miraculeuse dont la puissance thaumaturgique du maître les fit bénéficier. Marc, qui de l'aveu de tous, a écrit avant Luc, aurait nécessairement connu ce miracle s'il avait existé et, le connaissant, il n’aurait pu se dispenser de le men- tionner. Il ne le mentionne pas 1,18. D’où nous concluons qu’il ne l’a pas connu et qu’il ne l’a pas connu parce que le susdit miracle est un produit de l’imagination de Luc. — b) Cette observation s’applique à trois autres miracles que Marc ne mentionne pas et qu'on lit chez Luc. Le premier de ces prodiges consiste dans la visite de l’ange à Jésus pour le réconforter au moment de son agonie (Luc 22,43). Le second a pour objet la restitution d’une oreille amputée. La victime de cet accident était le valet du grand-prêtre ; l’auteur était un disciple qui avait frappé le valet d’un violent coup d’épée. Luc rapporte 22,51, que Jésus répara immédiatement le dommage causé par son disciple. Marc raconte l’accident 14,47, mais il ne mentionne pas la restitution de l’oreille. Le troisième prodige est la prophétie de la ruine de Jérusalem que Jésus fait aux femmes de cette ville en se rendant au calvaire. Luc 22,29, rapporte cette prophétie dont Marc ne parle pas. — c) Aux prodiges rapportés par Luc et inconnus à Marc on peut associer certaines paroles édifiantes rapportées par Luc, notamment la prière de Jésus mourant (Luc 23,46) : < Père, je remets mon esprit entre tes mains ». Marc 15,34 ne connaît que le cri de désespoir : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ». — d) Luc et Matthieu décrivent des miracles sensationnels opérés par le ciel en l’honneur de Jésus enfant (chez Luc 2,9, apparition angélique aux bergers de Bethléem pour leur annoncer la naissance d’un sauveur ; chez Matthieu, 2,2, l’étoile qui conduit les mages à Jérusalem puis à Béthléem). Trente ans plus tard, quand Jésus fait sa propagande. Personne ne rappelle ces prodiges accomplis à la porte de Jerusalem ou a Jerusalem meme. L’oubit est universel. Or il n’etait pas possible. Les susdits prodiges sont des fictions. — e) Matthieu mentionne deux agites de Gerass (8, 29), deux aveugles de Jericho (20,30). Marc (5,1 ; 10, 46) et Luc (8, 27 ; 18,35) ne signnient qu’on agite, qu’un aveugle de Jericho. Si les deux agites, les deux aveugles de Jericho avaient existe. Marc et Luc les nuraient certainement connus et les connaissant ils n’auraient pu les passer sous silence. Matthieu a cree de toutes pieces le dedoublement dont il fait deux fois mention. Nous retrouvons sous sa plume le meme procede dans la description qu’il fait de l’entree de Jesus a Jerusalem. Selon lui le Christ (21, 7) etait monte sur une anesse qu’accompagnait son anon. Marc (11, 2) et Luc (19, 30), ne mentionnent que l’anon. L’anesse accompagnée de l’anon ne reside que dans l’imagination de Matthieu. Mais ici le dedoublement a pour cause une prophétie comprise de travers (21, 5) ; il est le résultat d’une bévue. — f) Selon Matthieu l’expulsion des vendeurs eut lieu dès la première visite de Jésus au temple (21,12) ; le dessèchement du figuier maudit fut constaté par les disciples immédiatement après la malédiction portée contre lui (21,20) ; à Jésus sur la croix on présenta à boire du vin mêlé de fiel (27,34). Selon Marc (11,11 et 15)), Jésus se borna dans sa première visite du temple à inspecter les lieux et l’expulsion des vendeurs n’eut lieu que le lendemain ; le dessèchement du figuier maudit ne fut constaté que le lendemain de la malédiction (11,20 comparé à 11,14 et 19) ; à Jésus sur la croix on offrit à boire du vin mêlé de myrrhe (soporifique destiné à calmer les souffrances des patients). Matthieu, qui avait sous les yeux le texte de Marc, 1 a corrigé. La première correction tend à prouver que Jésus disposait d’une science supérieure qui lui permettait d’agir sans un examen préalable des lieux ; la seconde met en relief le caractère miraculeux du dessèchement ; la troisième, de l’aveu de l’apologiste Fillion (Evangile selon S. Matthieu d. 546) a ete laite pour montrer dans le breuvage offert l’accomplissement d’une prophétie du psaume 68,22 ou l’on presente le vin mele de [?] a un malheureux pour augmenter ses tourments (i’billion dit let en pariant de Matthieu : il aura sacrife l’exactitude parfaite au desir de faire un beau rapprochement . Les trois corrections ont ete faites systématiquement et elles mettent les recits en dehors de la realite. (l) Luke tells us that the first disciples were won over to Jesus by a miraculous catch of fish, which they received from the thaumaturgical power of the master. Mark, who admittedly wrote before Luke, would have known about this miracle if it had existed and, knowing about it, could not have avoided mentioning it. He does not mention it 1,18. Hence we conclude that he did not know it and that he did not know it because the aforementioned miracle is a product of Luke's imagination. - b) This observation applies to three other miracles which Mark does not mention and which we read in Luke. The first of these miracles consists of the angel's visit to Jesus to comfort him at the moment of his agony (Luke 22:43). The second is the restoration of an amputated ear. The victim of this accident was the servant of the high priest; the perpetrator was a disciple who had struck the servant with a violent sword. Luke reports 22,51, that Jesus immediately repaired the damage caused by his disciple. Mark reports the accident 14,47, but does not mention the restoration of the ear. The third wonder is the prophecy of the destruction of Jerusalem that Jesus makes to the women of that city on his way to Calvary. Luke 22:29 reports this prophecy, which Mark does not mention. - c) To the prodigies reported by Luke and unknown to Mark one can associate certain edifying words reported by Luke, notably the prayer of Jesus dying (Luke 23,46): < Father, into your hands I commend my spirit ". Mark 15:34 knows only the cry of despair: "My God, my God, why have you forsaken me?". - d) Luke and Matthew describe sensational miracles performed by heaven in honor of the infant Jesus (in Luke 2:9, an angelic apparition to the shepherds of Bethlehem announcing the birth of a savior; in Matthew, 2:2, the star that leads the magi to Jerusalem and then to Bethlehem) Thirty years later, when Jesus makes his propaganda. No one recalls these prodigies performed at the gate of Jerusalem or in Jerusalem itself. The orbit is universal. But it was not possible. The aforementioned wonders are fictions. - e) Matthew mentions two agitated men from Geras (8,29), two blind men from Jericho (20,30). Mark (5,1; 10,46) and Luke (8,27; 18,35) mention only one blind man from Jericho. If the two waved, the two blind men of Jericho had existed. Mark and Luke would certainly have known them and could not have ignored them. Matthew created the duplication he mentions twice out of thin air. We find the same procedure in his description of Jesus' entry into Jerusalem. According to him, Christ (21:7) rode on a donkey accompanied by his anon. Mark (11:2) and Luke (19:30) mention only the anon. The ass with the anon is only in Matthew's imagination. But here the doubling is the result of a misunderstood prophecy (21:5); it is the result of a blunder. - f) According to Matthew, the expulsion of the sellers took place at Jesus' first visit to the temple (21:12); the drying up of the cursed fig tree was observed by the disciples immediately after the curse was pronounced against it (21:20); Jesus was given wine mixed with gall to drink on the cross (27:34). According to Mark (11:11 and 15), Jesus' first visit to the temple was limited to inspecting the place and the expulsion of the sellers did not take place until the next day; the drying up of the cursed fig tree was not noted until the day after the curse (11:20 compared to 11:14 and 19); Jesus on the cross was offered wine mixed with myrrh (a soporific intended to calm the suffering of the patients) to drink.) Matthew, who had Mark's text in front of him, corrected 1. The first correction tends to prove that Jesus had a superior science which allowed him to act without a preliminary examination of the place; the second emphasizes the miraculous character of the drying; the third, according to the apologist Fillion (Evangile selon S. Matthieu d. 546) was made to show in the drink offered the fulfillment of a prophecy of Psalm 68,22 where the wine mixed with [?] is presented to a wretch to increase his torments (i'billion says let by betting on Matthew: he will have sacrificed perfect accuracy to the desire to make a beautiful connection. The three corrections were made systematically and they put the stories outside the reality.
c) Matthieu dit, 21,14 que Jésus fit de multiples miracles apres l'expulsion des vendeurs. Ces miracles soint fictifs, car Marc n'aurait pu se dispenser de les s’ils avaient existé, or il n’en parle pas.

En bref, Luc et Matthieu contiennent un nombre appréciable de récits historiques qui proviennent presque tous de Marc (Matthieu n’a qu’un seul récit historique qui lui soit propre, (voir ici p. 37). Luc en possède environ une demi-douzaine (voir ici p. 37). La fiction n’est donc pas chez eux aussi étendue que dans l’évangile de Jean qui nrest, d'un bout à l’autre, qu'une longue fiction. Elle occupe néanmoins une place considérable.
c) Matthew says, 21,14 that Jesus did many miracles after the expulsion of the sellers. These miracles are fictitious, for Mark could not have dispensed with them if they had existed, but he does not mention them.

In short, Luke and Matthew contain a fair number of historical accounts, almost all of which come from Mark (Matthew has only one historical account of his own, see here p. 37). Luke has about half a dozen (see here p. 37). The fiction is therefore not as extensive as in John's gospel, which is a long fiction from one end to the other. It nevertheless occupies a considerable place.
III. — Les récits de Marc sont, en majeure partie, historiques (dans le sens où le sont les récits populaires qui contiennent toujours des inexactitudes). Néanmoins la fiction n’est pas absente de son livre. Voici quelques exemples : a) Nous lisons dans 6,5 que Jésus ne put faire aucun miracle à Nazareth et qu il y i pourtant quelques guérisons lesquelles, produites par l’imposition des mains, étaient nécessairement miraculeuses. La seconde partie de la phrase contredit la première ; son contenu est fictif. - b) Marc signale deux multiplications des pains (…. et 8,6). Luc aurait certainement mentionné ce deux prodiges s .1 les avait connus ; il n’en rapporte qu’un 9.13. parce qu'il n en connait qu’un. L’une des multiplications des pains rapportées par Marc est fictive. — c) La dissertation sur Beelzebub 3,22-30 est encadrée par la scène où Marie, accompagnée de ses autres enfants, essaie d’arreter Jésus. Cette dissertation n’a aucun rapport avec son cadre ; elle obscurcit la démarche de Marie et c’est sa seule raison d’être ici. La dissertation sur Béelzébub, dont on n’examine pas ici la valeur intrinsèque, à ne considérer que la place où elle se présente chez Marc, est une fiction.
III. - Mark's accounts are, for the most part, historical (in the sense that popular accounts always contain inaccuracies). Nevertheless, fiction is not absent from his book. Here are some examples: a) We read in 6:5 that Jesus could not perform any miracles in Nazareth, yet there were some healings there which, produced by the laying on of hands, were necessarily miraculous. The second part of the sentence contradicts the first; its content is fictitious. - b) Mark mentions two multiplications of the loaves (.... and 8,6). Luke would certainly have mentioned these two miracles if he had known about them; he reports only one. 9,13. because he only knows about one. One of the multiplications of the loaves reported by Mark is fictitious. - c) The essay on Beelzebub 3,22-30 is framed by the scene where Mary, accompanied by her other children, tries to stop Jesus. This essay is irrelevant to its setting; it obscures Mary's approach and that is its only reason for being here. The essay on Beelzebub, whose intrinsic value is not examined here, considering only its place in Mark, is a fiction.
Résumons. La fiction est tout dans l’évangile de Jean ont aucun récit n’est historique. Elle occupe la plus grande partie des évangiles de Luc et de Matthieu dans lesquels les récits historiques sont à peu près tous empruntés à Marc. Chez Marc les récits fictifs occupent une place appréciable, non aussi grande pourtant que les récits historiques. Ces conclusions découlent d’arguments dont la plupart atteignent l’évidence.

Sans avoir l’importance du problème de l’historicité la question de la date des évangiles appelle une solution. Cette solution les apologistes ont cru l’obtenir à l’aide d’arguments aussi illusoires que laborieux dont les critiques indépendants n’ont pas toujours aperçu le néant. Voici quelques assertions dont on ne peut faire ici la preuve, mais dont plusieurs se dégagent des considérations qui précèdent.

L’évangile de Marc a eu deux rédactions. La première a dû être écrite de très bonne heure, aux environs de l’an 50 ou même auparavant. Son auteur est probablement Jean Marc qui suivit un instant Paul puis s’attacha à Barnabé (Actes 18.13 ; 15.37). Marc tient ses renseignements de Pierre soit directemen soit par l'entremise de Barnabé. Son livre commençait a 1,15 de l’évangile actuel et s’arrêtait à la mort de Jesus sur la croix (Pierre a pu fournir ses recits avants d’être reconquis à la foi par Barnabé). Il ne contenait ni transfiguration (9,2) ni la marche de Jésus sur les eaux (6,48) ni diverses autres scènes qu'on ne peut mentionner ici.

La seconde rêdaction a étê commencée aux environs de 140; mais elle ne s'est arrêté que vers 180. Son travail entièrement fictif a consisté à enrichir par des additions la rédaction primitive et aussi à la remanier. Les récits qu'elle a ajoutés sont consacrés à la gloire de Jésus (les quatorze premiers versets de notre évangile, les récits qui suivent la mort de Jésus, etc...) Les récits qu'elles a remaniés scandalisaient la piété chrétienne des environs de 140. Les retouches qui leur ont été infligées les rendent incohérents mais suppriment, ou, du moins, atténuent le scandale (voir surtout le récit du dernier repas et celui qui suit la scėne de Césarée de Philippe 14,22; 8,31).

Luc, compagnon de Paul, a écrit une première édition de son livre aux environs de l'an 60; il en a écrit une seconde après la ruine de Jérusalem de 70. A partir des environs de 130, son livre fut enrichi de la conception divine de Jésus 1,34-35. Il reçut d'autres additions aux environs de 150 et même plus tard.

L'évangile de Matthieu a été rédigé aux environs de 150. Il a reçu plus tard quelques additions peu nombreuses. De tous les évangiles il est le moins remanié. Matthieu à qui la tradition l'attribue était un disciple de Jésus. Il est, cela va sans dire, complètement éttanger à la rédaction de ce livre.

L'évangile de Jean a eu deux rédactions. La première est des environs de 135. La seconde, dans laquelle l'influence montaniste est visible, ne peut être antérieure aux environs de 170. Un remaniement à l'édition de 135 a pu être opéré vers 150. Dans ce cas la rédaction de 170 setait la troisième. Jean était un disciple de Jésus. La tradition qui lui attribue notre livre est fantaisiste.
Let's summarize. Fiction is all in the gospel of John, in which none of the stories are historical. It occupies the greater part of the gospels of Luke and Matthew, in which the historical accounts are almost all borrowed from Mark. In Mark the fictional accounts occupy a significant place, though not as great as the historical ones. These conclusions follow from arguments which, for the most part, are self-evident.

Without having the importance of the problem of historicity, the question of the date of the gospels requires a solution. This solution the apologists have thought to obtain by means of arguments as illusory as they are laborious, the worthlessness of which independent critics have not always seen. Here are some assertions which cannot be proved here, but several of which emerge from the preceding considerations.

The Gospel of Mark was written in two versions. The first must have been written very early, around the year 50 or even earlier. Its author is probably John Mark, who followed Paul for a while and then attached himself to Barnabas (Acts 18:13; 15:37). Mark got his information from Peter either directly or through Barnabas. His book began at 1:15 of the present gospel and stopped at the death of Jesus on the cross (Peter could have given his accounts before he was won back to the faith by Barnabas). It did not contain the transfiguration (9:2), the walking of Jesus on the waters (6:48) or various other scenes that cannot be mentioned here.

The second redaction was begun around 140, but did not stop until 180. Her work was entirely fictitious and consisted in enriching the primitive writing with additions and also in reworking it. The stories she added are dedicated to the glory of Jesus (the first fourteen verses of our gospel, the stories following the death of Jesus, etc.). The stories she reworked scandalized Christian piety around 140. The alterations that were inflicted on them make them incoherent but remove, or at least mitigate, the scandal (see especially the account of the last supper and that following the scėne of Caesarea Philippi 14:22; 8:31).

Luke, a companion of Paul, wrote a first edition of his book around the year 60; he wrote a second after the ruin of Jerusalem in 70. From about 130 on, his book was enriched with the divine conception of Jesus 1,34-35. It received further additions around 150 and even later.

The gospel of Matthew was written around 150 and received a few additions later. Of all the gospels it is the least reworked. Matthew, to whom tradition attributes it, was a disciple of Jesus. It goes without saying that he was completely uninvolved in the writing of this book.

The gospel of John was written in two versions. The first one is from around 135. The second, in which the Montanist influence is visible, cannot be earlier than around 170. A reworking of the edition of 135 may have taken place around 150, in which case the edition of 170 was the third. John was a disciple of Jesus. The tradition that attributes our book to him is fanciful.
Tacite (Annales 15,44) et Suétone (Claudius 19) nous apprennent que le « Christ » a existé sous le regne de Tibere : rien de plus. Dans lest Antiquités de Josèphe on lit un texte 18,33 qui contient un vif éloge de Jesus et ou Jésus est présenté comme ressuscitant trous jours après sa condamnation par Pilate. Les apologistes eux-mêmes avouent que ce texte, sous la forme ou nous l'avons, est interpolé. Mais ils prétendent y reconnaître un noyau authentique. Erreur. Le prétendu témoignage de Josèphe est entièrement l’oeuvre ; chrétien du troisième siècle et Josèphe y est totalement étranger. En somme, sans Marc nous ne connaitrions à peu près rien de plus de Jésus que son existence.
Tacitus (Annals 15,44) and Suetonius (Claudius 19) tell us that "Christ" existed during the reign of Tiberius: nothing more. In the Antiquities of Josephus we read a text 18,33 which contains a vivid praise of Jesus and where Jesus is presented as resurrecting a few days after his condemnation by Pilate. The apologists themselves admit that this text, in the form in which we have it, is interpolated. But they claim to recognize in it an authentic core. This is a mistake. The so-called testimony of Josephus is entirely the work of third-century Christians, and Josephus is a total stranger to it. In short, without Mark we would know almost nothing more about Jesus than his existence.
Joseph TURMEL
Joseph TURMEL

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